lundi 6 avril 2009

Taïaut, Taïaut, sus au capitalisme sauvage

Brillants chasseurs à courre, sonnant du cor à se rompre les jugulaires, meute des chiens courants, aboyant derrière le gros gibier, tout ce qui compte sur la planète se préoccupe de réformer le capitalisme. Les plus sages savent avec Jacques Delors que "tout individu qui détient un pouvoir sans limites, en abuse" et qu'il faut assez de règles pour apporter un peu d'équité, mais pas trop de règles pour ne pas casser la machine qui nous fait vivre.


La confusion règne. Ce week-end on en a eu des exemples dans l'émission Ripostes (G2, OTAN : vers un nouvel ordre mondial)avec Attali, Mélenchon, Lellouche et le journaliste Guetta.

Egalement dans le Figaro Magazine du 4 avril 2009 dans le débat
" Peut-on moraliser le capitalisme " entre le philosophe André Conte-Sponville et le haut fonctionnaire Nicolas Tenzer.


Je voudrais en commenter certaines affirmations. Nicolas Tenzer écrit " ... le politique, lequel définit le juste et l'injuste, concrétisés par la suite dans des principes et des codes d'éthique contraignants..."

Il me semble bien dangereux de confier au politique le soin de définir ce qui est juste et ce qui est injuste. Il y a comme un relent de totalitarisme à cela, car le politique c'est par définition un domaine de pouvoir. Relent qui se confirme quand Tenzer se dévoile en subordonnant les principes et les codes d'éthique aux choix préalables du politique.
Je préfère sur ce point la position de Conte-Sponville qui insiste sur la morale individuelle.


Tenzer évoque ensuite "les règles fonctionnelles du capitalisme" et cite " la transparence, le principe de fiabilité des informations, l'absence de conflits d'intérêt...". Je pense qu'il confond capitalisme et économie de marché. D'ailleurs le mot capitalisme est tellement ambigu qu'on ferait mieux de pas l'utiliser.


Plus loin, il confond les capitalistes, les entrepreneurs et les dirigeants salariés.
Il me parait faux de dire que notre système économique compte de moins en moins d'entrepreneurs. Si c'était le cas, c'est à l'école qu'il faut tenter d'y remédier.

Il déplore "...l'actionnariat dilué, où la rente est devenue la règle... ". Je crois au contraire que l'augmentation du nombre des détenteurs du capital - qui ne sont pas tous de gros porteurs- est plutôt une bonne chose pour l'amélioration de l'équité, à condition de limiter leurs appétits à court terme.


Finalement, il se préoccupe de "la crise de l'autorité et de la légitimité des institutions publiques et privées" particulièrement en France et là je suis entièrement d'accord.



Je vois un lien entre cette crise d'autorité et la crise financière.
A mon avis, les causes de cette crise sont multiples.


  • Certainement, la lente déliquescence des autorités morales traditionnelles : église, philosophie, famille, école. Le politique, même pris au sens le plus noble du terme, ne peut jouer le rôle d'autorité morale en démocratie.

  • Peut-être aussi le principe de laïcité à la française qui met sur un pied d'égalité toutes sortes d'idéologies.

  • En tous cas, la trahison des relais d'opinion qui véhiculent le scandaleux au détriment de tout ce qui est positif.


Alors, quand Obama dit aux étudiants: " Vous pouvez travailler pour Médecins sans frontière ou pour l’ONU, être maire de Strasbourg ou volontaire dans votre communauté… L’essentiel est de s’engager au service du public. A long terme, le fait de ne penser qu’à son confort, à sa maison, à sa voiture n’apporte que de l’ennui. Si vous ne pensez qu’à vous, votre vie diminue. Pensez-y, le monde présente tant de défis et d’opportunités. Plongez, impliquez-vous, acceptez d’être déçu, mais vous aurez vécu une grande aventure et fait la différence ", c'est un petit caillou blanc dans la forêt, qui sera plus efficace à terme que les milliers de milliards de dollars injectés dans le système pour pallier les errements de certains de leurs aînés.
Les médias en ont à peine parlé et c'est bien dommage !




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4 commentaires:

Le Languedocien a dit…

Il y a des lustres que le politique dit " le juste et l'injuste" selon son idéologie.
Jesus cloué sur la croix était entre deux voleurs; le voleur de gauche et le voleur de droite !!!

Le languedocien a dit…

<< Peut-on moraliser le capitalisme ? >>
Peut-on modifgier la nature humaine !!! L'argent devrait rester un moyen d'échanges et non de spéculation. C'est une commodité et cela doit le rester.

Le Languedocien assidu a dit…

<< Il me parait faux de dire que notre système économique compte de moins en moins d'entrepreneurs.>>Il est certain que sans entrepreneurs et sans salariés dirigeants le monde moderne post industriel et robotisé ne pourra pas payer les services, seuls emplois restants...

Le Languedocien assidu a dit…

Tu as dit l'augmentation du nombre des détenteurs du capital - qui ne sont pas tous de gros porteurs- est plutôt une bonne chose pour l'amélioration de l'équité,Tu as peut-être raison sur le long terme, mais dans l'immédiat les petits porteurs ne sont pas en mesure de se défendre. Perdre la moitié de beaucoup fait encore un beau reste; la moitié de peu, c'est rien... Les derniers évènements le montrent.