jeudi 26 mars 2009

PARADIS PERDU

Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager une courte nouvelle que j'ai écrite début 2007. Elle fait partie du recueil ALLEZ FRANCE ( six courtes nouvelles étiquetées "DANGER produit caustique")lui même compilé dans CONTES ET NOUVELLES que vous pouvez trouver en vous inscrivant sur mon site http://www.pjmb.fr/

PARADIS PERDU

Les petits hommes Verts sauvèrent d’autant moins la planète, qu’il se produisit des changements que personne n’avait prévus, et surtout pas eux.

Au lieu de l’élévation continue de la température et du niveau des océans, ce fut le contraire qui se produisit.

Une centaine de volcans éteints se réveillèrent. Il y eut une dizaine d’explosion majeures, à coté desquelles celle du célèbre PinaTubo n’était qu’un petit galop d’essai. Les cendres obscurcirent l’atmosphère, à un point jamais observé de mémoire d’homme. Le froid s’installa sur la terre.

Les météorologues, courant au secours de la victoire, clamaient qu’ils l’avaient prédit, et rappelaient le dernier petit âge glaciaire survenu au siècle de Louis XIV. Les petits hommes Verts, engoncés dans leur idéologie, affirmaient doctement que cela ne durerait pas.

Mais cet âge de glace là ne fut pas si petit.

Les pays du Nord, anciennement tempérés, devinrent rapidement inhabitables. Ce d’autant plus qu’on était en pleine crise énergétique. Les combustibles fossiles étaient devenus hors de prix, et malgré la repousse des forêts, les énergies renouvelables faisaient défaut.
La zone tempérée se déplaça vers le Sud, entraînant des flux migratoires inverses de ceux qu’on avait connus jusque alors. Le climat du Sahara s’adoucissait chaque année.

Restait à le rendre habitable. Les nouveaux colons venus du Nord s’y employèrent avec détermination.

On installa des oasis artificielles où les palmiers étaient remplacés par d’immenses toitures soutenant des capteurs solaires. Dans l'atmosphère voilée qui régnait maintenant, le rendement n'était pas aussi bon qu'on l'aurait souhaité, mais il fallait bien faire avec. La face inférieure des toitures était refroidie par effet Peltier, ce qui permettait à la moindre vapeur d’eau dégagée sous cet abri de se condenser et de retomber en pluie bienfaisante. Grâce à un judicieux système d’accumulateurs électriques, on pouvait faire pleuvoir seulement la nuit. Restait à trouver l'eau.

Au départ on eut recours à la désalinisation de l’eau de mer sur des sites côtiers. Certains gazoducs, en jachère depuis l’épuisement des ressources fossiles, furent reconvertis au transport de l’eau d’irrigation. D’autres furent construits. Le Sahara retrouva une certaine fertilité. Les pluies bienfaisantes devinrent presque autonomes. Les cultures maraîchères fructifiaient.

Sous les toitures photovoltaïques, on put même replanter de vrais palmiers et des orangers, avec de vraies dattes et de vraies oranges. C’était le paradis sur terre.

Pas pour longtemps.

Les Touaregs revendiquèrent la possession de leur territoire ancestral, et déclarèrent le Djihad aux colons venus du Nord.

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