mardi 3 février 2009

Thermodynamique des foules


Ceux qui ont une formation technique ont étudié le second principe de Carnot qui dit que tout système fermé abandonné à lui-même tend vers un état d'équilibre de température, atteint par l'augmentation d'un paramètre appelé entropie. Même le grand public connaît le mot entropie et sait qu'il est associé à l'état de désordre d'un système.

Peu de gens, excepté certains spécialistes, ont entendu parler du principe de Prigogine qui dit que les systèmes ouverts, échangeant de la matière et de l'énergie avec l'extérieur, ont une tendance naturelle à l'auto organisation, et que les exemples d'auto organisation sont nombreux dans la nature.

Les sociologues se sont emparés de ces considérations, relatives à la thermodynamique des gaz, pour les étendre à l'évolution des sociétés humaines. Les optimistes croient qu'elles sont capables d'auto organisation. Les pessimistes qu'elles évoluent inexorablement vers des états de désordre croissants.

Je voudrais ici dédier à notre Président Nicolas Sarkozy un principe complémentaire aux précédents. Si j'étais sujet de sa Majesté Elizabeth II, je l'aurais dédié à Tony Blair; si j'étais citoyen espagnol, au Premier ministre Zapatero. Peu importe, la science n'a pas de patrie.

Troisième principe de la thermodynamique des foules

Si dans un système ouvert, on dépense un maximum d'énergie localement pour générer - ou en tous cas annoncer - des changements en tous sens... que la réalisation suive ou ne suive pas, peu importe. Le processus darwinien de non-prolifération puis d'élimination des solutions inutiles (en l'espèce, inutiles au bien public) fera le tri, et après un certain temps, la qualité du bien public aura augmenté.


La démonstration de ce principe est de pur bon sens : si je n'ai pas d'appétit pour le changement, la vitesse de renouvellement des us et coutumes, des lois et des règlements, reste faible et la probabilité de sclérose est forte. A contrario, si je prône des solutions nouvelles en abondance, il finira bien par en sortir quelques-unes de bénéfiques.

Prenons un exemple: le téléphone portable de première génération a proliféré en quelques années sur l'ensemble de la planète. La deuxième génération et les suivantes, beaucoup moins vite car elles répondent à un besoin moins profond, voire à un besoin artificiel, pur produit du marketing et de la publicité.

Le besoin réel, c'est que nous voulons communiquer directement avec nos semblables. Passer par un intermédiaire, fut-ce internet, nous est moins nécessaire. C'est un peu comme l'attrait universel pour le langage parlé, opposé à l'intérêt plus élitiste pour le langage écrit.

° ° °

Quelles conclusions peut-on tirer de tout celà ?
Au final, l'auto organisation de la planète ne serait-elle pas une illusion provisoire ?

Si l'entropie reflète l'état de désordre des sociétés, j'ai le sentiment que celui de l'ère démocratique moderne est supérieur à celui des ères monarchiques qui l'ont précédé. Et que l'entropie des régimes monarchiques était en pratique supérieure à celle des petites démocraties locales grecques.




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