lundi 26 avril 2010

Fesse-mathieu



Aujourd’hui, les médias résonnent d’un problème grave : faut-il interdire la fessée ?
Le Parlement européen a mis la question à l’ordre du jour de sa prochaine séance. On nous rappelle que, dans le monde, déjà vingt pays ont interdit ce procédé et que huit autres ont promis de le faire. Les Français, « premiers défenseurs des Droits de l’Homme », sont à 87% partisans de la conserver, au moins à titre d’arme de dissuasion…
Et pourtant, notre classe politique s’en préoccupe. Une dame pédopsychiatre de son état, fraîchement élue à l’Assemblée Nationale, vient nous expliquer qu’elle va déposer une motion pour rouvrir le débat. Elle vient de publier un livre à l’usage des parents ; « l’autorité sans la fessée ».

Il ne faut pas traiter à la légère un sujet aussi sérieux. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de me ranger du coté de la majorité silencieuse. Justement notre dernier fils se prénomme Matthieu. Il est grand maintenant. Il faudra lui demander si sa mère lui a donné quelques fessées quand il était petit. Tout ce dont elle se souvient, c’est d’avoir administré une ou deux caresses un peu appuyées à l’un de nos petits-fils, qui, à deux ans, s’obstinait à rester sur le pot sans rien faire et se soulageait quasi instantanément dès que sa couche était remise. Au diable l’avarice ! En trois jours, le problème fut réglé, alors que, jusque là, les parents n’étaient arrivés à rien.

On ne devrait pas rire de ces choses. Mais reconnaissons que légiférer sur la fessée, c’est moins compliqué que l’affaire de la conduite en état de burqua ou de la déchéance de nationalité pour cause de mazarinade !

mercredi 21 avril 2010

Circulez, y-a rien à voir ?



D’ici 2016, Monsieur Delanoé veut supprimer la circulation automobile sur la voie Georges Pompidou et les autres voies sur berges, « pour rendre Paris aux Parisiens » et leur offrir des facilités de loisirs à portée de vélib.

De son point de vue de grand humaniste, ce projet améliorera la santé publique en réduisant le stress, les nuisances et la pollution. Ses détracteurs soulignent qu’il pourrira la vie des nombreux travailleurs qui sont obligés de prendre leur voiture tous les jours et que Paris intra-muros deviendra une réserve dorée pour les « bobos » et les retraités.

J’ai une proposition alternative. Une motion de synthèse, comme on dit au Parti Socialiste.

Laisser la circulation automobile où elle est et construire au dessus un étage de promenades au niveau de la rue. Le coût serait modéré et les inconvénients minimes. Après tout la baignade dans la Seine n’est pas essentielle. Contempler le fleuve et ses paysages magnifiques de plus haut serait tout aussi plaisant.

Les esprits mal tournés ne manqueront pas de faire une contre-motion : construire un tunnel en béton immergé dans la Seine, comme ceux qui traversent la rivière Hudson à New York. Ils feront valoir que ce système, sans doute beaucoup plus cher, aurait l’avantage d’être autorégulateur. Aus heures de pointe, la concentration de gaz d’échappements serait dissuasive, voire létale. Moins d’automobilistes, n’est ce pas le but recherché ?


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dimanche 18 avril 2010

Chroniques d'un désastre annoncé



Nous sommes allés hier écouter Fabrice Luchini lire Philippe Muray, Cioran et quelques autres.
Il y a deux ans, un ami m’avait prêté « Festivus festivus » et fait découvrir Muray que je ne connaissais pas.
Cet auteur, mort en 2006, s’est voulu un analyste grave des évolutions de la société de son temps.

Avec beaucoup plus de talent que moi, il jette le même cri d’alarme aux citoyens du monde occidental.
C’est un régal d’entendre, derrière la dérision, son constat vitriolé. Le rire est un réflexe d’évitement quand nous nous sentons impuisants dans le maelstrom qui nous entraîne vers notre perte. Mutation socio-génétique de la sous-espèce « homo occidentalis » et extinction en vue ?

Les chroniques et les livres de Philippe Muray sont à consommer par petites doses, car on a beau répéter sur tous les tons, même celui de l’ironie, que l’homme occidental court à sa perte, il me semble que la seule attitude jouable est celle du prince Salina dans le Gépard : « que tout change pour que rien ne change ». Encore y faut-il un peu d’habileté.

Lisez ou relisez Muray et Lampedusa, vous ne serez pas déçus.



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Brave new world




Suite à la lecture du livre de Lionel Naccache évoqué dans mon billet du 3 avril « Au risque de se perdre », à mes risques et périls, je me suis documenté plus avant sur les sciences cognitives.

Je suis perplexe. D’une part j’ai vu un documentaire passionnant sur « l’intelligence des pieuvres », d’autre part j’ai lu plusieurs publications sur l’intelligence artificielle, notamment les recherches sur les robots autonomes et communicants. C’est terrifiant.

Si ces équipes de chercheurs se rencontrent, je ne doute pas qu’on apprenne bientôt aux pieuvres à lire et à écrire. Qu’on apprenne aux robots l’art de glisser des tentacules dans notre corps, dans notre cœur et nos organes vitaux. Et pourquoi pas dans notre système nerveux.

Cette création renouvelée peuplera-t-elle la terre, sous le regard indifférent de l’Homme-Dieu ? Un jour devra-t-il la chasser du paradis et l’exiler sur une autre planète ? Comme dit Naccache, il n’y a qu’un pas entre la mythologie et ce que nous pouvons percevoir du réel.



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samedi 3 avril 2010

Au risque de se perdre…



Suite à la polémique entre Claude Allègre et le groupe des quatre-cents scientifiques réchauffeurs climatiques, j’ai entendu hier l’économiste anglais Sir Nicholas Stern interviewé par Jean-Pierre Elkabach. Pour mettre tout le monde d’accord, Stern insiste sur le concept de risque. Selon lui, les risques sont élevés, et il est urgent de prendre de nouvelles orientations. Les thèses de Stern ont elles mêmes fait l’objet de polémique entre économistes.
°  °  °
J’ai aussitôt fait le rapprochement avec le livre passionnant de Lionel Naccache « Perdons nous connaissance ? ». Lionel est justement une de mes connaissances. Il me pardonnera ce petit jeu de mots, car il emploie le même procédé dans son livre dont je vous recommande la lecture.

Lionel est un éminent médecin neuropathologiste doublé d’un humaniste es philosophie et judaïsme.

Il nous  confirme une caractéristique de l’espèce humaine pensante : toute prise de connaissance passe par un système "fiction/représentation/croyance", processus obligatoire permis par la stucture de notre cerveau. Il fait le point des dernières recherches de la neuropathologie à cet égard. On notera que « croyance » a ici un sens beaucoup plus général que celui de « croyance religieuse ».

Naccache rappelle que la prise de conscience implique un sujet - celui qui prend conscience - et un objet. Le sujet peut être vous, moi, mais aussi un groupe humain, une société … L’objet peut être matériel, inanimé ou animé : une chaise, l’homme en face de moi ; mais aussi un objet intellectuel, un concept, une croyance : la terre est ronde et tourne autour du soleil.

Il dit surtout que le sujet après la prise de conscience n’est plus tout à fait le même que le sujet avant. La prise de conscience a un prix, parfois insupportable, pouvant conduire à la folie ou au suicide. La connaissance peut donc être un danger pour les sujets qui l’atteignent.

Mais le repli sur soi ou sur le passé, le refus des savoirs nouveaux, sont autant de « mauvaises solutions ». L’homme doit assumer le risque de la connaissance et le gérer au mieux. C’est d’ailleurs ce que l’être pensant fait en permanence tout au long de sa vie: adapter son système de croyances aux réalités du monde extérieur.
°  °  °
Pour les affaires de la planète, le  nouvel objet de connaissance qu’est le risque de catastrophe écologique, de catastrophe naturelle, de catastophe agro-alimentaire etc. est clairement du même ressort. Qu’est ce que le risque, si ce n’est une fiction, une représentation d’évènements futurs, possibles, mais pas certains, basée sur des informations qui nous viennent du monde réel.

Dans le détail, certaines prédictions se révèleront vraies et d’autres fausses. Mais la société mondiale et l’avenir de l’humanité auront été changés par cette prise de conscience. Les comportements économiques et politiques seront infléchis. Tous les dangers pronostiqués ne surviendront pas, d’autres seront maîtrisés. Des dangers insoupçonnés se feront jour. Certains mécanismes, aujourd’hui controversés, s’imposeront comme des évidences universelles.

S’il réussit son adaptation au monde tel qu’il est devenu, homo sapiens risque de survivre encore quelques siècles.



vendredi 2 avril 2010

HARMONIA MUNDI



Je ne veux pas seulement parler de la célèbre maison d’édition de musique enregistrée, mais du projet d’harmonie mondiale mis en avant par nombre de responsables politiques de tous pays et de tous bords.


Sagement la maison d’édition fondée en 1958 a commencé par des valeurs sures, musique ancienne et musique baroque. Plus récemment elle a étendu assez modestement son catalogue à de la musique contemporaine tel Luciano Berio. Mais, il faut bien le reconnaître, la dodécaphonie n’est pas sa tasse de thé.


Dans le monde de la politique, c’est plutôt la dodécacophonie qui règne. Au niveau des états-nations chacun y va de son petit couplet à deux voix :  une pour les partenaires internationaux, l’autre pour les aspirations de sa poulation. Et puis la musique chinoise et la musique indienne ont leurs propres systèmes, beaucoup plus subtils que notre clavecin bien tempéré.


Les Occidentaux voudraient apporter la démocratie bien tempérée au reste du monde. Les pays émergeants veulent rester maîtres de leurs partitions.


Au niveau des chefs d’orchestre, c’est le trop plein. Les chefs de grandes formations nationales, les institutionnels internationaux, les petits chefs non alignés ... les directions collégiales et les chefs vedettes, les charismatiques et les silencieux. Pour les traditionnelles photos de famille à la télévision, on est obligé de prendre des formats de plus en plus allongés pour caser tout le monde.


Il paraît que la musique traditionnelle chinoise est basée sur une gamme à cinq tons égaux. Même si la notation actuelle ressemble à celle de la musique occidentale, qui en comporte douze, on voit bien que l’unisson n’est pas pour tout de suite.
Quant à la musique indienne, qui comporte des accords, des répétitions et des rythmes infiniment plus complexes que ceux dont nous Occidentaux avons l’habitude, pas étonnant qu’elle nous prenne à contre-pied.


Le concert des nations est souvent discordant. A force de réduction au dénominateur commun, on aboutit à une simple note sans grande portée. La musique des sphères n’est pas céleste comme dans l’Antiquité, elle serait plutôt celle des sphères d’influence !


Il faut s’en contenter, en se disant que mieux vaut résoudre nos conflits d’intérêts par la musique, même un peu discordante, que par la brutalité et la guerre.