mercredi 17 mars 2010

Où va la démocratie ? (suite 3 )



4 – A l’Est il y  a du nouveau


La dernière livraison du journal LE COURRIER DE RUSSIE   ( N°162 ) donne un aperçu intéressant sur les mœurs politiques dans une grande puissance facialement démocratique, qui se préoccupe de son avenir dans le flux inéxorable de la mondialisation.
Saluons tout d’abord l’éditorial du directeur de la publication, mon ami Jean-Félix, qui,  sous couvert de pourfendre les jugements hâtifs d’un historien grenoblois et de la presse française, réaffirme sa ligne éditoriale « la destruction des mythes ». Prudemment il ne dit pas lesquels.





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Poursuivant la lecture, on trouve page 4 une description de la société russe actuelle, divisée en structures étatiques et structures non-étatiques, chacune avec ses privilégiés, nomenklatura et nouveaux riches, chacune avec son système de pouvoirs officiels, semi-officiels et officieux. Le partage des rôles entre Medvédev et Poutine, la nouvelle ligne politique, désirée mais qui se cherche, pour sortir la Russie d’une économie de producteur de matières premières et à préparer une société post-industrielle…
Cet interview d’une sociologue russe est remarquable, à la fois par sa description sans fard de la situation, mais aussi par les circonlocutions prudentes pour, comme elle dit, « ne pas franchir la ligne rouge » imposée par le pouvoir.





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Enfin, on trouve en page 8, une communication du Chef adjoint de l’administration présidentielle, Vladimir Sourkov, qui nous livre une analyse autorisée de la situation. Analyse, elle aussi remplie de précautions oratoires, montrant l’absolue nécessité d’engager la Russie sur la route glorieuse de la société post-industrielle. Sourkov esquisse les grandes lignes des méthodes pour y parvenir, méthodes qui ressemblent assez au discours de notre propre Président de la République. Favoriser l'investissement dans la recherche des technologies nouvelles, etc.etc.

Le plus passionnant est de voir exposés les freins immenses qui s’élèvent avant de commencer. On se croirait en France. Le fil du rasoir entre dirigisme
« la centralisation qui se trouve à la limite de ses possibilités » et les « chamailleries des libéraux et leurs incessantes disputes ». La comparaison timide avec la situation à l’étranger et l’habile coup de chapeau au peuple américain, dont on devine qu’il est l’idole de la jeunesse russe, « la modernisation spontanée, c'est un phénomène culturel  -- précisément culturel et non politique --  qui n'a eu lieu que dans les pays anglo-saxons. »
Sourkov  fustige à nouveau les nostalgiques de l'organisation soviétique : 
« Nous voulons en permanence que quelqu'un soit responsable pour nous. Il faut que l'on nous instruise et que l'on nous soigne gratuitement, que l'on paie les transports, que l'on s'occupe de nous. Nous sommes incapables de faire face à nos problèmes de façon indépendante et nous attendons que quelqu'un les résolve à notre place...»

Sourkov conclut en soulignant que la modernisation est un phénomène culturel, qui , pour être efficace, doit impliquer toute la population et pas seulement les privilégiés. Suit un petit cours de psychologie des foules : coaching du peuple vers un état d’esprit positif, éloge de la liberté d’entreprendre,  de la liberté de faire fortune grâce aux nouveaux services rendus à la société, invitation à ne plus considérer l’argent des autres comme un péché…





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A la suite de cette lecture, j’irai de ma petite touche personnelle : les vieux pays ont tous les mêmes problèmes, les mêmes lignes stratégiques pour échapper à leur déclin engagé, les mêmes résistances passéistes.
        Quoi qu'on en dise, l’ambition n’est plus de « changer le monde » mais de « changer soi-même» pour survivre . Espérons qu'on y arrivera.















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