mardi 30 mars 2010

Vents d'est, vent d'ouest


Depuis le roman de Pearl Buck publié en 1930, on a beaucoup écrit sur la Chine. A mon tour, je vous livre quelques réflexions sur la dernière affaire qui agite les médias occidentaux.

Europe N°1 rapporte ce matin que quatre ressortissants australiens, travaillant dans une société minière en Chine, viennent d’être condamnés à des peines de 6 à 14 ans de prison (chinoise) aux motifs d’avoir versé des pots-de-vin et pratiqué l’espionnage industriel. La communauté internationale et l’Australie s’en émeuvent.
Le commentaire poursuit en résumant un article du prix Nobel Joseph Stiglitz, paru dans la revue CAPITAL, dans lequel il constate que la Chine va devenir la référence en Asie et ailleurs, au détriment des USA. Ce modèle de gouvernance autoritaire non seulement sape les fondements du capitalisme mais aussi ceux de la démocratie.

Personnellement, je pense que l’Occident fait une petite erreur d’appréciation. Après les remontrances sur les droits de l’homme, il s’est permis de stigmatiser  la Chine sur le plan du non respect des règles de propriété industrielle et intellectuelle. Par ailleurs un observatoire international, largement inspiré par l’Occident, publie un classement des pays par degré de corruption, dans laquel la Chine est également montrée du doigt.

La mentalité ancestrale des chinois est impériale avec un complexe de supériorité très bien partagé. En conséquence «sauver la face » comme nous disons est un réflexe. Et pour ceux qui sont philosophes, l’équilibre entre le Yin et le Yang est la base de la vie.

La condamnation des quatre Australiens, vue par les dirigeants chinois, s’inscrit dans ce contexte. Vous nous dites que nous sommes une nation de corrompus et de contrefacteurs. Voyez, nous avons des lois et nous les appliquons démocratiquement de la même façon aux ressortissants étrangers et à nos nationaux. D’ailleurs le jugement en question a été relativement clément : rappelez vous que certains ressortissants chinois ont été condamnés à mort pour des faits du même genre.

En pratique, en Chine comme ailleurs, le pot-de-vin est interdit. Le petit cadeau qui entretient l’amitié doit être d’une valeur proportionnée au rangs de ceux qui offrent et qui reçoivent. En revanche les contributions en nature ou les dons à des œuvres d’utilité publique sont parfaitement licites. Les relations harmonieuses sont la base du business et de la vie sociale. En Chine on appelle ça le Guan Xi . C’est une question de civilisation dont il n’est pas évident de saisir toutes les finesses.

Quant au renseignements sensibles sur la concurrence, je ne crois pas qu’il faille s’en priver, mais il faut faire attention à la façon dont on s’en sert : pas de traces écrites même codées, ni téléphoniques, ni autres. Le sage rend ses oracles sans citer ses sources d’informations.

3 commentaires:

Charles a dit…

La question de géopolitique que tu poses est très pertinente. J'ai souvent constaté l'importance de "ne pas faire perdre la face aux adversaires", même aux non-Chinois. C'est l'art de toute bonne négociation, art que les syndicalistes et hommes politiques méconnaissent trop souvent.

Jean-Claude a dit…

je crains que la Chine en raison de la loi du plus fort nous impose progressivement ses vues "democratiques" ou pas , surtout si les instances internationales ( ONU ou autres )ne montrent pas plus d'autorite .

PJMB a dit…

Le problème de l'autorité en général, c'est qu'elle s'impose entre deux parties soit par la carotte soit par le bâton. Dans le cas des grands pays émergeants ( ou submergeants ) il faut trouver les ressorts subtils du GuanXi international et ce n'est pas si évident.